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  FAMILLE AFRICAINE

Les femmes et la justice sociale

3 Mars 2010, 09:16am

Publié par Famille Africaine

 

     Chacun de nous s'interesse à la justice. Homme et femme, la justice interpelle tous, les deux sexes confondus. On dirait même que la justice n'a pas de sexe, elle s'occupe de la femme et de l'homme indistinctement. Pourtant une disparité s'est toujours fait voir, et c'est surtout ces derniers jours où les intérêts des femmes commencent à être pris en compte que la tendance s'affiche au grand jour.
      Le Huit Mars de chaque année se célèbre d'ailleurs la Journée Internationale de la Femme, une journée où il est demandé à l'homme de faire plus d'attention à sa femelle. Mais, le Huit Mars serait plus juste s'il a son symétrique c'est-à-dire la Journée Internationale de l'Homme.
     Dans son message pour le carême 2010, le Pape Benoit XVI est justement revenu sur le sens de la justice, une justice qu'il décortique en deux aspects: la justice humaine et la justice divine.
      La justice humaine se situe dans l'accessibilité aux biens de la terre. C'est une justice distributive qui consiste à donner à chacun ce qui lui est dû. Telle est l'expression même d'Ulpianus, juriste romain du 3ème siècle. (Dare cuique suum).
  
    La femme, longtemps mise en seconde zone réclame atuellement cette équité. Dans beaucoup de pays africains, elle n'a pas accès au crédit, à la terre, à l'héritage...et pourtant elle n'a pas choisi de naître femme.
       Dans ses explications, Le Très Saint Père va plus loin. Il montre que ce qui est essentiel pour l'homme ne peut être garanti par la loi. Cela se comprend par exemple en ce qui est de la loi de la succession au Burundi.
       Pays patriarcal où la terre a depuis longtemps été propriété de l'homme, l'héritage des femmes ne peut se résoudre uniquement selon l'aspect juridique. Beaucoup de choses entrent en jeu, ce qui explique que si le legislateur burundais a patienté, il y a une raison qui dépasse le droit.
       En effet, pour comprendre cette justice, il faut quelque chose de plus intime, de plus personnel et qui ne peut être accordé que gratuitement.
       Tout de même, il y a lieu de dénoncer aujourd'hui cette indifférence qui condamne à mort des centaines de millions de femmes faute de nourriture suffisante, d'eau et de soins.
       La justice ne devrait pas se chercher dans les réalités extérieures à l'homme mais plutôt à l'intérieur. Car, l'origine du mal se trouve selon les Saintes Ecritures, à l'intérieur de l'homme. Akica umuntu si akamujamwo, ni akamuvamwo.
       De nombreuses idéologies modernes véhiculent malheureusement le présupposé suivant: "puisque l'injustice vient du dehors, il suffit d'éliminer les causes extérieurs qui empêchent l'accomplissement de la justice".
        De cette façon naïve et aveugle, beaucoup d'innocent se sont vu poursuivis à cause de la justice. La justice qui devrait libérer s'est finalement retournée contre eux pour les condamner.
        En d'autres termes, l'injustice qui est une conséquence du mal ne vient pas exclusivement des causes extérieures mais surtout trouve son origine dans le coeur humain.
       La justice, du mot hébreu sedaqah désigne ainsi la vertu. Celle-ci étant l'inclination vers le Bien, et le Souverain Bien étant Dieu selon les termes de Saint Thomas d'Aquin, la justice est alors l'acceptation totale de la volonté de Dieu.
       La justice a ainsi une nouvelle dimension, la dimension divine. Benoît XVI définit la justice divine comme sortir du rêve de l'autosuffisance, sortir du profond replie sur soi qui génère l'injustice.
       La justice divine est avant tout née de la grâce où l'homme n'est pas sauveur et ne guérit ni lui-même ni les autres. C'est une justice où le juste meurt pour le coupable et le coupable reçoit en retour la bénédiction qui revient au juste. Ici, on pourrait dire que chacun reçoit le contraire de ce qui lui est dû.
       En réalité, la justice divine se montre profondément différente de la justice humaine. Face à la justice de la croix, l'homme peut se révolter car elle manifeste la dépendance de l'homme, sa dépendance vis-à-vis d'un autre pour être pleinement lui-même.
      On comprend alors que la foi ne soit pas du tout quelque chose de naturel, da facile et d'évident: il faut être humble pour accepter que quelqu'un d'autre me libère de mon moi et me donne gratuitement en échange son soi.
       Voilà la justice plus grande, celle de l'amour, la justice de celui qui, dans quelque situation que ce soit, s'estime davantage débiteur que créancier parce qu'il a reçu plus que ce qu'il ne pouvait espérer.
       Fort de cette conviction, nous sommes donc invités à nous engager dans la construction des sociétés justes où tous reçoivent le nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine et où la justice est vivifiée par l'amour.
        Théon TUYISABE, Professeur à l'Université des Grands Lacs (UGL)
         

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<br /> <br /> La journée internationale de l'homme<br /> <br /> <br /> http://www.international-mens-day.com/France.php<br /> <br /> <br /> <br />
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