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  FAMILLE AFRICAINE

Pour une éthique familiale au Burundi : Un foyer modèle

7 Décembre 2022, 16:02pm

Publié par Theon Tuyisabe

 

L’anthropologie du mariage et de la famille reconnait avant tout la famille comme étant « le fondement de la société humaine ». Dans ce sens, l’anthropologie religieuse, surtout catholique exprime dans Vatican II exploité par la revue « Croire La croix », que le Créateur a fait de la communauté conjugale l'origine et le fondement de la société humaine. Elle ajoute que par sa grâce, il en a fait aussi un mystère d'une grande portée dans le Christ et dans l'Église.

 

Fondée sur la relation trinitaire, la famille est donc l’expression de cet amour divin incarné dans l’amour du christ à son église. Elle le manifeste et le rend visible comme sacrement.

L’homme comparé par Saint Paul à Jésus et la femme à l’Église, cela signifie que l’amour qui réunit l’homme et la femme est un amour qui se donne complètement pour le bonheur de l’autre, un don qui va au-delà même du sacrifice. En fait, il ne s’agit pas seulement ici d’une comparaison mais d’un appel.

 

Dans la vie courante, les couples ou les familles qui répondent à cet appel ne se laissent pas voir facilement. Ce ne serait même pas exagéré de dire que ces familles n’existent pas réellement. En effet, les ménages ou les familles modèles n’existent pas.

Chaque famille a son histoire, ses réalités, ses hauts et ses bas. Même la sainte famille, tant appréciée au niveau de l’Église ne peut pas être un modèle parfait.

 

En effet, s’il faut reconnaître que dans la famille, il y a papa-maman et les enfants, Joseph-Marie et Jésus sont loin de réaliser ce modèle car le rapport entre Marie et Joseph n’a jamais été conjugal selon l’Église catholique.

 

Révélée comme « Immaculée conception », toujours vierge, il va de soi que Joseph n’a jamais connu Marie. Ils n’ont jamais fait de rapport sexuel. En effet, comme nous l’enseignait Monseigneur Fidèle Agbatchi, l’ancien archevêque de Parakou au Bénin, ce serait même très osé de la part de Joseph de prétendre courtiser et faire des rapports sexuels avec une femme qui a accouché Dieu, une femme préférée par Dieu.

 

Joseph n’a donc pas été le mari de Marie. L’expression « époux virginal » enlève le caractère humain à cette relation, de sorte qu’aucun homme sur terre ne peut suivre l’exemple de Joseph envers sa femme.

 

Joseph n’a pas été le père biologique de Jésus au moment où chaque homme marié est invité à mettre au monde son propre fils et/ou sa propre fille dans la mesure du possible. L’amour est en effet fécond. Cette fécondité de l’amour qu’est la joie se matérialise bien évidemment dans un enfant. C’est pourquoi le catéchisme de l’Église catholique répète sans cesse que « le mariage humain est ordonné à la procréation ». S’il faut en adopter un, c’est parce qu’il a été impossible d’en avoir pour soi.

 

Partant du postulat que le couple Marie-Joseph ne peut en aucun cas être le modèle du couple humain normal, il faut tout de même reconnaître que ces personnages restent des icônes de la foi chrétienne, surtout catholique.

Pour les évêques de l’Église du Burundi, dans leur Directoire du mariage et de la famille pour les diocèses catholiques du Burundi, en fixant le Décret Général y correspondant en 2020, ils ont proposé les qualités d’une famille modèle retrouvables chez Marie et Joseph.

 

Sept voies éthiques leur ont servi de référence à savoir : l’amour mutuel des époux, la concertation, l’entraide, la bonne conduite des parents et des enfants sans oublier les bons rapports avec les voisins. Pour ce clergé burundais, quand de surcroît la famille pratique sa foi en Dieu, elle dispose beaucoup d’atouts pour être le modèle des autres.

 

Le but du mariage est le bonheur. Défini par Aristote comme communion avec le Bien, Saint Thomas d’Acquin a finalement évangélisé cette définition en remplaçant le mot «bonheur » par béatitude qu’il définira comme la communion avec Dieu.

 

Selon Gazandi, l’homme et la femme se rencontrent et se rapprochent justement pour cheminer ensemble vers la Sainteté. L’état de Sainteté, c’est l’état de vie en Dieu. Dieu seul est Saint. La Béatitude et/ou le Bonheur ne peut donc être nul par ailleurs qu’en Dieu.

 

Le mariage est finalement l’occasion qu’on se donne pour cheminer avec l’autre vers le Bonheur, vers Dieu, vers le Ciel. Le couple marié devrait être heureux. C’est d’ailleurs ce couple heureux qui peut déborder son bonheur vers les autres couples qui finalement le considèrent comme modèle.

Cet état pourra advenir quand il arrive à communiquer, dialoguer sur tous les sujets concernant leurs vies. Le dialogue familial est différent des disputes, des défoulements ou des agressions verbales. Pour bien discuter en famille, il faut bien choisir le moment favorable pour le dialogue, le lieu approprié pour abriter les interlocuteurs et surtout choisir les bonnes paroles à utiliser pour un dialogue fructueux.

 

Un ménage modèle est un ménage fondé sur la concertation et l’entraide mutuelle. Le mariage va en effet au-delà du contrat signé par les mariés devant l’officier de l’état civil ou le messager de Dieu. En plus du contrat et des signatures des deux mariés, il faut se rendre compte que parmi les offrandes que le prêtre présente à l’autel, il y a aussi ces contrats qui par la même occasion sont transformés en corps et sang du christ. Pourrais-je dire, il n’y a pas de sacrement de mariage sans eucharistie.

 

A ce contrat entre deux hommes, s’ajoute alors le contrat avec Dieu qui, lui aussi appose sa signature en faisant de ce mariage un sacrement. Finalement, le mariage unit l’homme, la femme et Dieu.

 

Au niveau de l’Église catholique, la participation de Dieu dans cette union fait de ce mariage une unité indissoluble. L’homme et la femme deviennent une même chair et sont liés par Dieu lui-même, le Dieu qui était, qui est et qui sera toujours leur lien.

 

Le régime matrimonial qui favorise donc cette unité indissoluble est, selon l’Église Catholique, la communauté des biens. Quand l’homme et la femme comprendront qu’il n y a pas l’un sans l’autre, que la chute de l’un entraîne la chute de l’autre, fini les spéculations égoïstes toujours à la base des divorces qui s’observent ici et là.

 

Reste que les parents deviennent les exemples pour les enfants, que les enfants respectent et aident leurs parents et que la famille affiche un bon comportement dans son voisinage et envers les familles proches.

 

Sans Dieu, aucune famille ne peut tenir. La prière en famille, la participation aux activités de l’Église et la vie nourrit de sacrement pour chaque famille constituent ainsi les repères à vulgariser pour être le modèle des autres.

Théon TUYISABE

Enseignant-Chercheur à

l’Université des Grands Lacs

UGL en sigle.

Bujumbura/Burundi

 

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