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  FAMILLE AFRICAINE

La famille, coeur de la paix

26 Février 2007, 23:03pm

Publié par Pierre THEON

        A l’origine de toute famille, il y a un mariage. De l’amour conjugal bien vécu, il résulte la joie. Celle-ci est propice aux conditions qui favorisent d’autres vies, c’est le coeur de la paix. Toutefois, la paix ne signifie pas une absence de conflits, de mésententes ou de guerres. Elle est un sentiment de satisfaction toujours inachevée, une acquisition momentanée du bonheur. La paix exige de ce fait une quête et reconquête perpétuelle qui se poursuit durant toute la vie. Elle n’est jamais définitivement acquise. Nous la recherchons, et une fois à notre portée, elle nous échappe sous d’autres formes. A chaque fois, nous voulons un plus, pour nous sentir véritablement en paix. Elle est dynamique. Mieux encore, pour Monseigneur Isidore De Souza : " La paix est un comportement ".

         La paix dépasse l’homme individu et engage la vie communautaire. La famille, utérus spirituel la reçoit en premier de l’extérieur, mais garde la responsabilité de la conserver car, elle est bien la tâche de tout individu. La paix est le fruit de notre engagement, de notre ferme volonté de la vivre et de la transmettre. Les anges dans la nuit de Bethléem la chantaient à " tous les hommes de bonne volonté " : Elle est donc intimement liée à la naissance du sauveur. Mais alors, si quelqu’un nous procure cette paix, pourquoi la gaspiller ?

        Dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix 2007, sur le thème : La personne humaine, cœur de la paix, le Saint Père Benoît XVI déclarait : " Je suis profondément convaincu qu’en respectant la personne, on promeut la paix ". Pour lui, c’est bien là un engagement qui revient à toute famille, appelé à être infatigable opérateur de la paix et intrépide défenseur de la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables.

       C’est donc à la famille dans toutes ses composantes d’être non seulement la destinataire, mais aussi le centre même de la paix, le " lieu " en somme où la paix se génère et désire habiter. Ainsi, en défendant la famille, on défend la paix elle-même, non pas comme un bien externe, mais comme une réalité humaine dans son intégrité et sa dignité.

       L’être humain, sans distinction de race, de culture et de religion a la dignité de personne ; il n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un, capable de connaître, de se posséder, de se donner librement et d’entrer en communion avec d’autres personnes. Pour cela, il mérite le respect. Aucune raison ne peut jamais justifier que l’on dispose de lui à volonté, comme s’il était un objet. " Qui jouit d’un plus grand pouvoir politique, technologique ou économique ne peut s’en prévaloir pour violer les droits des autres qui sont moins fortunés ", rappelle Benoît XVI. Pour lui, " c’est en fait sur le respect des droits de tous que se fonde la paix ". 

        Le droit à la vie devient ainsi le premier droit qui porte les germes de la paix. C’est un devoir de dénoncer le massacre qu’on fait dans nos sociétés depuis l’état embryonnaire dérobé au mystère intime du sein de la femme et manipulé par les froids instruments de laboratoire, jusqu’à la mort qu’on prétend régler comme on veut, éventuellement en se la donnant, d’autres fois en l’exorcisant à travers des jeunesses artificielles.

        Au-delà des victimes des conflits armés, du terrorisme et des formes variées de violence, il y a la mort silencieuse provoquée par la faim, l’avortement, l’expérimentation sur embryons et l’euthanasie. Tous ces délits, ajoutées à la peine de mort, constituent véritablement un attentat à la famille et à la paix.

        Aujourd’hui, plus que jamais, le délicat équilibre de la paix est menacé par l’intolérance grandissante envers les autres fois religieuses. Tel un retour au Moyen Âge, il y en a qui imposent à tous une unique religion, et par conséquent un mépris culturel face aux croyances religieuses. Dans ce cas de figure, un droit humain fondamental n’est pas respecté, ce qui entraîne de graves répercussions sur une atmosphère de la paix.

        Vivre ses convictions religieuses, différentes de celle des autres, même au sein de la famille, c’est le début de l’épanouissement. La famille, cœur de la paix se doit donc de favoriser la liberté religieuse avant que cela n’apparaisse au niveau de l’Etats, du continent ou du monde entier.

       La paix est, dans la famille, à la fois un don et un devoir. C’est un don à invoquer, mais c’est aussi un devoir à réaliser avec courage sans jamais se fatiguer. Par la famille, chaque personne a la valeur d’être homme dans toute sa dignité. A travers la communion papa, maman et enfants la joie de vivre ensemble instaure la paix dans le ménage. Cette paix, nous la désirons tous, raison de plus pour la rendre aux autres. Vive la paix !

Théon TUYISABE

 

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La civilisation africaine

23 Février 2007, 15:39pm

Publié par Pierre THEON

       Dans ce que l’Afrique peut se venter d’avoir en propre, il y a la civilisation. Elle est un ensemble des caractères propres à sa vie intellectuelle, artistique, morale et matérielle. Ceux qui ont voulu la lui refuser se sont déjà rendus compte que malgré la famine, la pauvreté, les guerres et les maladies..., ce continent tient toujours.

           En effet, si la pensée africaine nous rappelait que l’Afrique est à la fois le berceau de l’humanité et du savoir, il importe aussi de savoir qu’il est le berceau de la civilisation. Le président nigérian Olusegun OBASSANDJO a tenu à le rappeler dernièrement aux étudiants de l’Université d’Abomey Calavi, lors de l’acquisition de son titre de Docteur honoris causa à ladite Institution.

       Il a été noté que, depuis la nuit des temps, les Egyptiens, descendants de Râ, d’Isis et Osiris se sont distingués dans la maîtrise de la nature. Ils y ont découvert le principe primordial qui ouvre aux vérités surnaturelles que cachent l’eau, le feu, l’air et la terre.

      L’apprivoisement de ces forces par l’homme noir a dès lors fait du continent africain, un pôle d’attraction depuis 2600 ans avant Jésus Christ. Certains chercheurs se permettent même de dire aujourd’hui que le " voici ma chair, voici mon sang " a été égyptien avant de se retrouver dans les écrits judéo-chrétiens.

       En Afrique, la personne reconnue comme ressource, détenteur de tous les secrets a longtemps été le sorcier. C’est lui l’équivalent de l’homme des sciences, du savant dans le monde moderne. Il n’a pas toujours été qualifié de personne maléfique comme le décrit actuellement le dictionnaire Larousse. Au départ, le sorcier était une personnalité importante et très enviée. C’était lui qui prévoyait l’avenir, qui évitait le danger et qui poussait au loin le malheur. Il était le grand conseiller des rois.

        Oeil de la société, le sorcier umupfumu avait la possibilité de lire dans la nature. Il avait la maîtrise des plantes médicinales, des vents, des pluies…c’est lui qui enfin de compte assurait l’équilibre social. Il pouvait lire dans le passé et dans l’avenir, permettant ainsi à ses contemporains de comprendre les phénomènes de leurs temps. Pour tout africain, l’eau, le feu, la terre et l’air ont en effet une âme. Et puisque cette âme participe à l’âme du mode, la nécessité d’un intermédiaire entre le monde visible et invisible était incontournable. Le sorcier était dans ce sens un prêtre, un vodounon qui devait assurer cette liaison des deux mondes.

       Mais, avant d’être sorcier, une initiation était exigée pour pouvoir communiquer aisément avec l’invisible. Depuis toujours, on ne s’improvise pas sorcier, umupfumu, ou vodounon. Non plus, cette fonction ne s’acquiert pas à partir d’un suffrage universel. La distinction actuelle entre sorcellerie noire (umurozi) et sorcellerie blanche (umupfumu pris comme guérisseur) relève d’une dévaluation pure et simple du rôle du sorcier dans la société. Celui qui soigne, il peut aussi tuer. Le principe dont se sert normalement le sorcier est neutre. Tout dépend de l’usage qu’il en fait. Si la sorcellerie effraie maintenant, c’est que la tendance nuisible a l’emporté sur celle salvatrice. Aujourd’hui, l’opinion courante ne présente presque plus de vrais sorciers. Ceux que nous connaissons nous font peur, le plus souvent nous les condamnons sans procès. Ils utilisent les forces qu’ils possèdent pour faire du mal, pour se faire de la gloire, devenant ainsi des imposteurs.

      Quoi qu’il en soit, l’africain aime le mystérieux. Il voit dans ses statuts une force. Il se sert des pierres, du bois (fétiches), de la terre, du feu (bougies) ou de l’eau (agasumo ka Mwaro par exemple), pour communiquer avec l’anima mundi. Le gri gri est son compagnon, son protecteur, son sens de vivre. Le christianisme aura beau lui dire que le statut de Marie, de Jésus…, l’eau du baptême, le cendre ou le feu ne sont que des signes qui conduisent à Dieu et donc qu’il ne faut pas les adorer, lui, il sait toujours ce qu’il en fait. Beaucoup d’hommes d’affaires, de politiciens, commerçants… le démontrent lorsqu’ils se jettent sur l’eau bénite, l’encans et autres objets sacrés du prêtre chrétiens pour espérer la prospérité. Le syncrétisme ne fait plus, dans certains milieux de l’Afrique de l’Ouest, objet de tabou. Certains sont d’ailleurs fiers de l’être.

         En réalité, la sorcellerie est l’ombre de l’homme noir, l’ombre de tout africain. Ceux qui tentent de fuir cet ombre sont considérés comme des dessouchés, des gens qui n’ont plus d’identité propre.

        Pour avoir un développement durable, il faut se retrouver d’abord. Pour progresser, l’africain doit se repositionner dans sa vraie nature.

        Comme le rappelait ce juriste, si la justice est devenue un souvenir, le juste se doit de devenir un hors la loi. Ainsi, l’Afrique doit extirper en elle toutes les négatités qui ont survenues à travers le temps.

        Le développement suppose le rejet des attaches qui le bloquent, tel le sacrifice humain. Le sang avait été adopté par les hommes d’une époque pour résoudre leur problème. Cela ne fait pourtant pas du sang l’élément incontournable. Sacrifier l’homme, le mouton ou la poule n’a plus de sens maintenant qu’on sait que la force vitale ne vient pas nécessairement du sang.

       Cette recette utile à un temps donné et qui a pu répondre à certains problèmes du moment ne devrait en aucune manière rendre prisonnier toutes les générations. Si pour avoir l’énergie, le moteur utilise aussi bien le pétrole, les dérivées de la canne à sucre ou l’électricité, l’usage du sang peut aussi se remplacer par des produits qui lui sont équivalents. Aucune tradition, aucune religion ne peut subsister s’il ne se réadapte pas!

         Pour transformer et développer notre Afrique, nous devons ainsi comprendre d’abord notre environnement avec ses vibrations. Réapprendre à parler à l’eau, à l’air, au feu et à la terre est la voie du respect, et par conséquent du progrès. La science est pour l’Afrique un grand vecteur du développement. Mais, comme Rabelais le disait " science sans conscience n’est que ruine de l’âme ".

         Le tam tam, les chants et les danses ne sont pas inutiles. Ils ont toujours accompagné l’homme noir. Ils assainissent les esprits et disposent l’âme de l’africain à un avenir meilleur. Cette âme, c’est le mouvement, le bruit, la mobilité. C’est l’élan dont la boussole est la tradition ; une tradition qui élève et dont nous sommes responsables.

Théon TUYISABE.

 

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Droits et devoirs de la famille dans la société

14 Février 2007, 11:46am

Publié par Pierre THEON

Fondée sur le mariage, la famille est une véritable société. Elle requiert néanmoins d’être intégrée à la société politique. Toutefois, son intégration à cet organisme plus vaste ne peut se faire par la négation de ses droits inaliénables. La famille possède sur la société civile une priorité d’origine. Elle est nécessaire à l’existence de l’Etat, de ce fait, elle a le droit strict d’être reconnue juridiquement comme institution une et indissoluble. Dès lors, supprimer la famille c’est vouloir désintégrer l’Etat. Enlever les caractéristiques propres à la famille, c’est construire une société politique dans l’abstrait, et c’est rendre par ce fait même inefficace la conduite politique, car l’une des premières qualités d’un bon chef d’Etat est d’instituer les lois qui tiennent compte de l’ordre naturel.

 

Ainsi, en lui-même, l’Etat ne peut exister en dehors des familles qui le composent. Les familles permettent à l’Etat d’exister dans la durée. La permanence d’un Etat est proportionnelle à la stabilité des familles qui l’intègrent. L’Etat, on le sait, veut exister dans la durée et non se vouer à l’extinction. Partant, on peut affirmer que les familles sont nécessaires à la vie même de la société civile.

 

En vertu des caractéristiques de naturalité et de nécessité vitale, la famille a droit à l’autonomie en ce qui regarde la poursuite de sa fin. Car, si les familles se sont assemblées pour donner naissance à l’Etat, elles veulent conserver un volet de sanctuaire familial.

 

L’autonomie familiale s’exprime par le pouvoir paternel de gouvernement. Il s’avère nécessaire pour le père de famille de répondre aux exigences familiales. C’est une question de justice légale. Etant chef d’une petite société, le père doit organiser la vie familiale ; il est la cause principale du bien-être de la société qu’il régit.

 

Mais, l’autonomie familiale ne veut pas dire que la famille et l’Etat sont l’une et l’autre deux sociétés juxtaposées et indépendantes. Leur interdépendance s’impose puisque l’Etat est composé de familles et que celles-ci exigent leur intégration à l’Etat.

 

Ainsi donc, par autonomie familiale, nous entendons la liberté pour le foyer de poursuivre la fin naturelle et sociale qui est d’édicter et de vivre tout l’autorité paternelle et de perpétuer l’espèce humaine tout en demeurant subordonné à l’autorité civile sur le plan politique. Cette autonomie reste un droit. L’Etat ne devrait pas s’immiscer dans les « affaires des familles » tant que le bien politique n’est pas concerné. Ceci encore, l’Etat ne peut intervenir qu’avec beaucoup de délicatesse et de prudence.

 

Le père de famille a droit à une initiative fondée sur la vraie liberté et sur le pouvoir qu’il a sur ses actes. Partant donc, il ne lui est pas permis d’abdiquer son droit d’initiative personnelle, de cesser d’être la providence temporelle de sa famille. Il ne peut consentir son remplacement par l’Etat. Ce serait une démission, car personne n’a le droit d’enfuir ses talents sous prétexte qu’un autre en a plus que lui.

 

En d’autres termes, l’intégration de la famille à l’Etat ne doit aucunement supprimer l’initiative des chefs des familles, et doit leur venir en aide afin qu’ils parviennent à une plus grande suffisance des biens matériels, intellectuels et moraux. La famille, par son chef assure à ses membres le vivre ; la cité poursuit plus efficacement le bien être de la famille, assurant elle aussi une plénitude de bien.

 

Au sujet des devoirs que doivent remplir les parents, sachons qu’ils reposent sur la nature même de l’union conjugale et sur les fins du mariage.

 

Le premier devoir des époux est conséquent au contrat bilatéral qui les unie. Ce contrat répond à la nature exclusive de l’amour conjugal et à l’unité essentielle du mariage. L’unité du lien exige la fidélité conjugale. Le mari et son épouse se sont donnés l’un à l’autre et engagés par amour à conserver leur foi.

 

Le second devoir des époux est la procréation d’enfants appelés à les continuer et à perpétuer l’espèce humaine. Le nombre d’enfants dépend de la fécondité, de la santé et même du budget des époux puisque les enfants ont besoin, une fois en vie, d’être nourris, logés et vêtus.

 

Le troisième devoir des époux est l’éducation des enfants. La société conjugale doit en effet donner à la société civile de bons citoyens. Et ce devoir des parents se base sur le droit de l’enfant à recevoir une formation religieuse, intellectuelle et morale.

 

Les enfants quant à eux ont envers leurs parents, le devoir de gratitude et d’obéissance, lequel devoir se résume dans la vertu de piété filiale. Celle-ci est pour les enfants une façon de payer leur dette de gratitude envers les parents et de leur exprimer une obéissance respectueuse. La piété filiale est une obligation de justice car l’enfant doit autant qu’il peut payer sa dette de reconnaissance envers ceux qui lui ont donné le jour et l’on initié à la vie sociale.

 

Théon TUYISABE

 

 

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La pensée africaine

12 Février 2007, 20:27pm

Publié par Pierre THEON

       Tandis que l’européen manifeste une idée claire de la philosophie, l’africain semble toujours hésiter dans la définition de sa propre philosophie. Plus d’un se demandent d’ailleurs s’il existe une philosophie vraiment africaine.

        Dans sa culture où la loi génératrice de toutes les autres est la loi du sang, l’univers matériel, moral et spirituel de l’érudit africain démontre que la science n’a pas toujours été chez lui l’élément essentiel. Conscient de son passé, ce penseur ne peut certes s’y réfugier toujours. Il doit être soucieux de son avenir et porter la conscience que la culture est aussi son œuvre.

         Il est impensable qu’une philosophie parvienne à s’édifier en vase clos. La création philosophique au cours des âges n’a que fort rarement cessé de dépendre du bon usage des puissants réflecteurs. Aristote s’est réfléchi dans Platon, St Thomas dans Aristote, Kant dans Hume et Leibniz, Karl Jaspers dans Kierkegaard, Sartre dans Heidegger et Hegel…

          Mais, le drame de la philosophie est d’abord qu’elle n’a jamais eu une définition satisfaisante pour tous. Même chez nos pères grecs de l’antiquité, c’est une mosaïque de savoirs et de systèmes parfois complémentaires ou souvent opposés.

         La fuite vers une définition étymologique a ainsi arrangé la situation. La liaison entre l’amour et la sagesse fait dire de la philosophie qu’elle est un art de vivre une morale qui consiste à se conduire raisonnablement, à éviter tout démesure et à accueillir avec sérénité toutes les épreuves de la vie.

           Européen et africain se retrouvent alors. Toutefois, quoiqu’il soit relativement facile de comprendre la philosophie arabo-africaine, le problème survient quand il s’agit de la philosophie négro-africaine. Cheick Anta Diop fut le premier à vouloir démontrer que l’Egypte des Pharaon était noir, faisant de l’Afrique, à la fois le berceau de l’humanité et du savoir.

         Ceux qui s’opposent à sa thèse voudrait dire de la philosophie africaine traditionnelle qu’elle est uniquement un ensemble d’énoncés explicites des traditions orales à savoir les sentences, les maximes, les proverbes, les dictons, les mythes, les épopées, etc.

          Les partisans de la restitution ontologisante parmi lesquels nous voudrions nous ranger dans cet article cherchent ainsi à valoriser l’idée que les africains ont toujours eu de l’être en tant qu’être. Nous reconnaissons en effet que les impératifs de la décolonisation, de la libération, de la démocratisation et du développement ont inspiré et inspirent toujours la constitution de nos pensées. Négritude, consciencisme, socialisme africain, authentisme, panafricanisme…sont autant de courants qui, avouons-le, ne pouvaient se faire sans pensée. Malheureusement, les méandres de la politique ont transformés certains de leurs concepteurs en politicards.

         Les philosophes comme Karl Marx qui se sont voulu pragmatiques avaient ainsi espéré la concrétisation des idées. Selon Polin HOUNTONDJI, la libération théorique du discours philosophique suppose une libération politique. De ce fait, la lutte politique doit se mener à tout les niveaux et cela de manière lucide et résolue.

       Reconnaissons malheureusement que les déboires politiques ont contraint ce penseur africain à démissionner de son poste ministériel après avoir constaté que la politique est, enfin de compte, une prison. Cet homme capable de refuser la signature d’un texte où il y a des fautes de grammaire quoique adapté à la vision politique du chef rappelle les limites d’une philosophie africaine qui veut se penser tout en utilisant une langue étrangère.

       Vouloir laisser la politique aux politiciens et la philosophie aux philosophes semble certes être une révolte contre Platon. Ce dernier estimait en effet que tout dirigeant devait être philosophe, donc sage.

       Le contexte africain où la transhumance politique crée des éternels ministres et des éternels députés fait dire aux Barundi Uko zivugijwe niko zitambwa.

      Pour avoir été champion dans la transhumance, un ministre africain a comparé le parti politique à un club de football. Il disait : « Les meilleurs joueurs doivent se retrouver dans l’équipe national ». C’est ainsi qu’il justifiait son passage dans plus de 5 partis politiques en l’espace de 5ans.

      Comme lui, un autre politicien de l’Afrique de l’Ouest a échoué par deux fois au deuxième tour des élections présidentielles. Mais, considérant qu’une partie de son programme politique se retrouvent chez le vainqueur, il n’a jamais pu se ranger dans l’opposition quoique n’étant pas de la mouvance. Quel pacifisme !

        Il y a donc apparemment un hiatus entre la sagesse du politicien et celle du philosophe, lequel hiatus permet d’expliquer par exemple l’amnistie comme un acte politique et salvateur bien que relevant de l’impunité, donc contraire à la loi.

         Le rôle du penseur n’est-il pas celui d’interpréter la tradition à la lumière du présent ? En vue d’asseoir un développement durable, il faut faire une relecture personnelle de la tradition africaine non pas pour constituer la pensée des ancêtres comme telle mais pour la réactualiser dans des systématisations nouvelles afin de la rendre efficiente au présent.

         Notre défi consiste ainsi en une harmonisation profonde entre la politique et la philosophie, de telle sorte que la pensée africaine contribue à la résolution des problèmes concrets de la vie sociale. La réalité actuelle doit féconder la vision des œuvres du passé.

       La pensée africaine, dans ce nouveau contexte de mondialisation se doit d’attacher un intérêt particulier aux phénomènes de l’après guerre froide. La victoire du monde capitaliste sur le monde communiste nous déroule le tapis d’un monde monolithique où démocratie, décentralisation, libéralisme économique et droits de l’homme sont devenus des éléments clés.

           Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication rendent, de nos jours, le monde plus petit. Le village planétaire est devenu une réalité qui crève les yeux. La bonne gouvernance reste dorénavant le seul remède contre la corruption, un phénomène qui, à mainte reprise, a fait reculer le développement de l’Afrique.

           La famille est en fait, dans ce processus de développement, la pierre d’attente sur quoi il faut s’appuyer. C’est sur elle que se greffe toutes les valeurs sociales dont l’homme a besoin. Le respect de la chose publique commence par là car, Qui vole un œuf aujourd’hui, volera un bœuf demain, disent les français.

         Avant d’aimer son pays, on aime d’abord sa famille. La justice ne s’apprend ni ne s’applique avant de l’être dans l’enclos familial, autour du feu. Le même partage de la nourriture entre parents et enfants dans la même assiette, c’est le même partage au niveau de l’Etat. Reconnaissant comme Jean Paul II que l’avenir de l’humanité passe par la famille, sa prise en compte dans la gestion du bien commun ne ferait que rendre le partage plus équitable.

 

Théon TUYISABE

 

La Direction de familleafricaine remercie le site burundibwacu.org pour avoir publié un de ses articles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La violence conjugale

8 Février 2007, 10:34am

Publié par Pierre THEON

Il suffit d’être un peu attentif, les scènes de ménages se comptent par milliers dans nos familles. Dans tous les pays, toutes les cultures, toutes les religions…les violences conjugales n’ont jamais été un secret.

 

Un enfant qui l’observe toujours chez ces parents serait tenté de dire qu’il s’agit là d’une habitude normal, quelques fois nécessaire pour briser la monotonie familiale. C’est peut être derrière cette nécessité que se cache les rituels de flagellation chez les peuls du Nord-Bénin où le jeune garçon n’a droit au mariage qu’après avoir reçu solennellement une centaine de coup de fouets.

 

S’ils y voient un signe de bravoure et qu’ils acceptent avec plaisir ce châtiment corporel, l’on pourrait tout de même se demander si cela n’a pas de lien avec cette coutume de certains tributs du Nord-Cameroun où l’homme doit frapper sa femme pour le respect de la tradition.

 

Et, si la femme camerounaise arrive elle même à revendiquer ces coup de la part de son époux, il y a lieu de s’interroger sur les motivations profondes de ce rituel.

 

L’opinion a toujours laissé entendre qu’il n’y a jamais d’amour sans jalousie. L’astronaute américaine qui vient de subir le coup de la loi, après avoir attenté à la vie de sa collègue qui lui avait volé son mari à fait dire à Orga KOKODE, une journaliste de Golfe Télévision du Bénin qu’en fin de compte, la jalousie est aussi la chose la mieux partagée du monde.

 

La jalousie est dans l’amour, ce qu’est le piment dans la nourriture. Elle est le revers de ce médaille qu’est l’amour, faisant dire à certains que c’est un mal nécessaire.

 

 Toutefois, il faut reconnaître qu’elle est un grain de sable dans le carburant qui finira par brise le moteur.

 

La jalousie est une tache d’huile sur un tissu blanc, c’est un refus délibéré d’un amour qui s’offre, le spiritualiste pourrait même dire qu’elle vient du diable. Là où la jalousie s’installe, l’amour cède la place et disparaît.

 

Dans cet article, il nous semble important de réfléchir sur les origines de la jalousie, seul élément qui vraisemblablement sous-tend tous les conflits au sein du ménage.

 

La question qui se pose donc est celle de savoir si la vie est possible sans jalousie. Former de corps et d’esprit, l’homme et la femme subissent de multiples sollicitations. Tantôt ce sont des envies liées au corps, tantôt se sont les désirs de l’esprit et des fois, ils ne savent même pas ce qu’ils veulent.

 

Dans la quête de son bonheur, il arrive que l’un des conjoints empiète sur le territoire de l’autre, touchant ainsi volontairement ou involontairement une des cordes sensibles de son aimé.

 

 La réaction n’est pas toujours sans conflit. Celui qui est offensé se demande toujours s’il doit laisser passer la faute du conjoint, parce que amour, ou justement puisque amour, si le conjoint mérite une correction pour ne plus recommencer la même erreur.

 

Pour ne pas être lâche, la deuxième option s’impose de soi. Mais alors, comment corriger celui qu’on aime ? La punition a toujours été douloureuse !

 

A notre humble avis, elle est douloureuse car elle s’accompagne, dans la plupart de cas, d’une certaine colère. Le désir de corriger passe facilement au désir de vengeance, ce qui souvent brise la proportionnalité entre l’acte posé et la sanction qui s’en suit.

 

Punir sa femme ou son mari, est-ce vraiment le (la) frapper ? Dans tous les cas, le bâton semble aller de paire avec la colère qu’avec l’amour. Ceux qui affirment qu’ils frappent parce que la culture ou la religion l’exigent nous paraissent donc en déphasage avec l’amour qui n’est par ailleurs plénier que dans la vie conjugale.

 

La force physique n’étant pas adéquate dans ce travail de correction mutuel, le dialogue nous semble alors le seul recourt crédible pour dissiper les malentendus. Toutefois, discuter n’est pas synonyme de se tendre mutuellement des pièges. Certaines personnes se donnent du plaisir à fouiller les portables de leurs conjoints, à se renseigner minute après minute sur leurs positions, leurs fréquentations…et le soir c’est toujours du bruit.

 

Le dialogue exclut la cacophonie, les insultes, encore moins les malédictions. Quand l’amour est au zénith, les époux se lancent des mots tendres, doux. Ils se disent incessamment mon chéri, mon amour, mon bébé, …, mais quand la vie est au tournant, c’est hé, toi, wé, eya…, du moins si il y a encore la communication.

 

La violence conjugale a poussé certains pays à aménager des lieux pour les femmes battues, une solution primaire pour nous car, avant de songer à construire aussi un local pour les hommes battus et souvent oubliés, il serait plutôt opportun de chercher à réconcilier les deux.

 

De plus en plus, il s’affiche un sentiment pessimiste sur la réconciliation. Avec le divorce qui a été déclaré comme droit, tous les efforts tendent à chercher le bonheur de la partie lésé comme si l’autre n’en souffre pas. Un esquimau disait en s’amusant que le coup de pied lancé par son cheval au pôle Nord se fait sentir au pôle Sud ; il avait raison ! Quoi qu’apparemment séparé, tout est lié.

 

Pour renverser la tendance, il faut donc que les époux apprennent à se bénir, plutôt qu’à se haïr. Dans la vie conjugale, il faut savoir s’écouter tout en se faisant confiance. Se reconnaître faible, donc susceptible de commettre des erreurs est une façon de se rendre dépendant de l’autre, de Dieu. L’on découvre ses limites face à celui qui est au dessus et qui règlemente tout, celui à qui nous devons faire confiance en premier et qui est capable de maintenir notre amour. C’est en fait lui l’Amour, l’origine et la fin.

 

Théon TUYISABE 

 

 

  

 

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Pour une éducation sans fouet

3 Février 2007, 09:57am

Publié par Pierre THEON

Le premier rôle attribué aux parents est sans aucun doute l’éducation des enfants. Celle-ci est en effet l’art de développer les qualités de l’homme. La première nécessité qui s’impose dans ce processus d’éducation c’est avant tout celui de connaître la personne à éduquer car l’éducation s’occupe de l’homme dans sa spécificité : handicapé, enfant, fille, garçon…En général, l’éducation se fait au sein de la famille, de la société ou de l’Eglise. Il est de ce fait un devoir des parents, des voisins, des maîtres, des responsables de l’Etat ou de l’Eglise.

 

L’éducateur est en effet celui qui aide l’enfant à atteindre sa maturité psychique afin qu’il puisse assimiler correctement les valeurs universelles et enfin s’insérer dans la société. Pour ce faire, le rapport entre l’éducateur et l’éduqué doit respecter certaines normes.

 

Le but de l’éducation est d’humaniser l’homme. Tout éducation vise en effet à canaliser, orienter et rehausser les qualités positives de l’enfant. En quelque sorte, l’éducation se doit d’être conforme à la société car, elle exige un préalable de recherches, d’expériences pour tirer des conclusions idoines.

 

La personne à éduquer, c’est l’homme qui vit au milieu de ses semblables et de son environnement. Pour réussir sa mission, l’éducateur essaie alors d’inculquer à l’enfant la maîtrise de la compréhension de tous ce qu’il côtoie. L’homme est un être social. Il souffre, il rit, il pleure…il est sensible. Toutefois, il est aussi unique dans le temps et dans l’espace. Sa raison fait de lui un être supérieur par rapport à tout ce qui est. Ainsi, il l’utilise pour modifier la nature et atteindre son épanouissement.

 

La connaissance est une des caractéristiques essentielles de l’homme. Un bon éducateur tient en effet compte du physique, du spirituel, du moral... Aider l’enfant à discerner le bien et le mal, c’est éduque son esprit pour avoir à la longue un homme bon.

 

Comme une évidence, tous s’accordent à dire qu’il y a un moment où l’homme dépend totalement de quelqu’un d’autre. C’est au fur et à mesure qu’il acquiert son autonomie. L’enfant qui, au départ ne bouge pas, commence à agiter ses mains, à téter le pouce, à marcher à quatre pattes,…contrairement à sa vie dans le sein maternel où il dépendait exclusivement de sa mère.

 

Tout au début, l’enfant sourit à sa maman comme pour lui dire : j’ai eu ton message. Il ne comprend pas pourquoi on lui refuse ceci ou cela et le signe de son désaccord reste les pleurs. Déjà, il faut alors commencer à enlever en lui les objectifs dangereux car c’est là la base de sa personnalité. L’affectivité est le premier élément dans la formation de la personne. Quand l’enfant commence à s’asseoir et à marcher, ce qui est important pour lui c’est la découverte de l’environnement.

 

L’enfant sait à travers son père qu’il a quelqu’un de plus doux, de plus tendre mais qui a une autre voix que sa maman. Ainsi, il sait qu’il y a deux personnes différentes qui s’occupent de lui. Il développe petit à petit sa sexualité et finit par reconnaître ses frères et sœurs. L’éducation au sein de la famille commence ainsi à proprement parler depuis la petite enfance.

 

Plus l’âge augmente, plus l’enfant accepte mieux sa situation. C’est véritablement l’école maternelle et primaire qui change tout et l’adapte à de nouvelles situations. Il a été constaté qu’en Afrique, certains enfants, lorsqu’ils sont maltraités à l’école, abandonnent simplement la formation. Ce n’est pas en effet le fouet qui montre aux enfants ce qu’ils doivent faire.

 

L’éducateur sollicite, donne des exemples et des explications jusqu’à atteindre le résultat escompté. Il a de ce fait assez d’informations pour exercer son influence. En tout état de cause, c’est bon pour l’éduqué de se sentir aimé par son éducateur. Ainsi, lorsque celui-ci aura fourni des éléments nécessaires pour son orientation, il formulera lui-même ses propres objectifs.

 

Apprendre aux jeunes certaines tâches comme se laver, essuyer certaines choses, ramasser les papiers permet d’intérioriser leurs responsabilités. L’enfant mérite d’être préparer pour affronter l’adolescence avec dignité. Avec les changements physiologiques qui peuvent faire des enfants les véritables concurrents de leurs parents, savoir dialoguer avec eux est un atout.

 

Pour ce faire, les parents se doivent de fixer toujours les limites avec délicatesse. Faire preuve de patience et donner des conseils même si l’enfant n’écoute pas, voilà leur devoir ! En lui donnant des faveurs, le parent surveille de préférence sa compagnie d’où il recueil des choses qu’il vient vérifier à la maison.

 

L’homme n’est pas une machine à bousculer pour qu’il réussisse sa vie. Ce qu’il est et ce qu’il vit correspondent bel et bien à son niveau. Pour cela, l’enfant a besoin de savoir la nécessité des choses : pourquoi il étudie, pour qui il étudie et pourquoi travailler.

 

Il ne faut donc pas réagir agressivement avec les enfants. On n’a pas à les taper ou à les insulter car, cela traduit un sentiment d’hostilités. Les parents leurs doivent confiance ; c’est ainsi qu’ils sont capables de produire des miracles.

 

Après l’adolescence, le jeune se pose des questions, se demande s’il se comporte de façon humaine ou pas. Il regarde ce qu’il fait et ce qu’il devrait faire. Il cherche comment faire pour devenir homme. A chaque occasion, l’éducateur lui apportera alors des éléments de réponse pour devenir adulte. En réalité, on n’arrête pas de croître. Sur le chemin de la vie, nous devons toujours nous poser la question : « D’où venons-nous et où allons-nous ? »

 

L’éducateur aide toujours le jeune à s’orienter en le laissant vivre ses expériences depuis l’enfance. Ainsi, il le laisse vivre pleinement sa vie mais le surveille de près et lui indiquer gentiment ce qui peut lui arriver.

 

La personne à éduquer ne vit pas seule. En s’adressant à lui, l’éducateur tient compte de l’environnement qui l’entoure car on ne choisit pas un métier pour lui seul ! L’éducateur ne donne pas seulement des ordres, mais il sollicite plutôt la disponibilité de l’éduqué. Dans ces conditions, celui-ci est content d’accomplir la tâche qu’on lui demande de faire.

 

A chaque fois, le jeune mérite de savoir que le choix d’une vocation nécessite un sacrifice, un renoncement. Il doit être convaincu que chaque choix implique un risque.

 

 Théon TUYISABE

 

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