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  FAMILLE AFRICAINE

La place de l'acte sexuel dans l'amour conjugal

18 Décembre 2006, 17:48pm

Publié par Pierre THEON

L’identité théologique de l’acte sexuel

 

Certains philosophes parlent de l’âme du monde comme une réalité d’où découlent toutes les individualités. Cette âme du monde marque l’unicité du monde. Mais, l’individu ainsi compris n’est pas susceptible de connaissance. Il est clos. Or, la connaissance fait sortir l’individu de lui-même. Seul Dieu en est capable, c’est pourquoi Aristote dit qu’Il est la pensée de la pensée.

 

L’individu fermé sur lui-même ne peut rien connaître et rien ne peut le connaître. Au 18ème siècle, les modernistes, voulant appliquer ce concept sur l’homme, ont trouvé que celui-ci a tout. De ce fait, l’homme doit être libre. Et, dans la tentative de répondre à la question de Kant: « Qu’est-ce que l’homme ? », un groupe de philosophe a plutôt envenimé la situation.

 

L’homme ayant été créé à l’image de Dieu, il sort du concept d’individu pour prendre le concept le plus large : celui de personne. Au départ désignant le masque que portaient les acteurs de théâtre, personne dépasse individu et se place dans le monde spirituel. C’est une ouverture vers d’autres réalités. Par personne, on a l’intelligence et la volonté. Sur ce, l’amour est l’acte révélateur de l’intelligence et de la volonté. Cette autonomie aimante de la personne s’appelle ainsi la réciprocité.

 

La personne est donc inconcevable sans relation avec les autres. C’est dans ce sens que le pape Jean Paul II dira que l’homme a besoin de sortir de lui-même pour rechercher la vérité et l’amour et accueillir la vérité de l’amour qui s’offre à lui. L’homme est en ce sens image de Dieu de par sa partie relationnelle.

 

Le besoin de vérité et d’amour ouvre l’être à Dieu et aux créatures. Il l’ouvre aux autres spécialement dans le cadre du mariage et de la famille. Il y a deux façon d’être de la même réalité personne : la masculinité et la féminité. L’un sans l’autre n’est pas l’homme. L’homme masculin à lui seul n’est pas tout l’homme. Il a besoin de la féminité pour être complet, pour former l’homme. Toutefois, cette union homme-femme n’est pas indifférenciée, chacun garde son identité : c’est l’unité duelle.

 

La communion n’advient effectivement que dans le don sincère de soi. C’est un don total et réciproque de soi qui se réalise pleinement dans l’acte conjugal, l’amour conjugal au plan humain. Le don total n’est en effet possible que si il implique l’usage du sexe. L’amour conjugal entre les époux ne s’épuise pas néanmoins dans l’acte sexuel qui bien sûr est le lieu où ils deviennent une seule chair. Il s’ouvre aussi à la transmission de la vie.

 

Le sexe ne s’utilise pas comme un bras, une jambe… car il relie le corporel et le spirituel. Il a une signification théologique. En quelque sorte, l’amour humain n’est pas neutre par rapport à l’amour divin.

 

Quand on parle de l’acte sexuel, on pense à l’orgasme : le moment où on donne sa vie. Et Si l’on quitte la sphère humaine, on dirait que le Fils aime en extase toujours son Père et inversement. Leur extase réciproque est une personne c’est-à-dire l’Esprit-Saint.

 

Et comme l’amour conjugal a sa source suprême en Dieu, la rencontre entre l’homme et la femme n’est pas le fait du hasard. Dieu l’a fait pour manifester son amour dans le monde. L’amour conjugal a donc quelque chose à nous dire sur ce qu’est l’amour de Dieu. Elle réalise le dessein de Dieu, le dessein de l’amour, l’alliance Dieu-homme.

 

Comme le disait Monseigneur Isidore de Souza, le lit conjugal est comme l’autel tandis que l’acte sexuel est comme l’eucharistie. L’orgasme pris comme le se laisser-faire de extase correspond alors justement à cet instant où le pain et le vin, fruits de l’effort humain sont transformés par la puissance divine pour devenir le corps et le sang du Christ.

 

Par l’extase la femme se donne totalement à l’homme et vice versa. Les deux ne se contrôlent plus, ne savent plus ce qu’ils disent et se laissent emporter complètement l’un vers l’autre. Il n’y a plus de limite entre eux, ils deviennent un. Chacun se vide dans l’autre et s’efface pour mourir en lui. Cette mort métaphysique brise toutes les barrières qui les séparent. C’est un effacement qui permet au couple de goûter aux délices du ciel. Par ailleurs, Dieu s’est aussi effacé au moment de l’incarnation en devenant chair.

 

L’extase révèle alors la donation du Fils lorsqu’il a accepté de devenir homme et d’habiter parmi les hommes. Le même Don, Jésus le réalisera toute sa vie sur terre mais aussi et surtout sur la croix quand il expira son dernier soupir. En disant : «Père, je te remet mon Esprit », Jésus retourne tout entier au Père. Il libère son Esprit et se donne jusqu’à la mort. Cette dernière mort n’est pas que métaphysique, elle est aussi naturelle.

 

C’est par ce retour que le Fils emporte avec lui l’homme. C’est ainsi qu’il rachète l’humanité par son triomphe sur la mort qu’indique la résurrection.

 

Dans ce sens, l’acte sexuel ainsi conçu est une occasion de sanctification. Non seulement il rapproche l’homme de sa femme, mais aussi, il rapproche les hommes de Dieu. C’est l’acte sexuel qui marque la supériorité de l’amour conjugal sur toutes les autres amours possibles. Un homme peut aimer sa fille, sa sœur, son chien, son jardin ou son cartable mais, il ne peut pas se donner totalement à eux.

 

Seul la relation entre l’homme et la femme est parfaite. Le don n’est, au plan humain, total que si il y a usage du sexe. L’acte sexuel unit les cœurs et les corps, voilà pourquoi il doit garder sa place dans la vie du couple. Sa banalisation est une atteinte à la dignité de l’amour.

 

Toutefois, l’acte sexuel procède d’un choix responsable. La honte marque la prise de conscience de la masculinité ou féminité et l’absence de honte manifeste la stabilité dans la relation de l’un à l’autre.

 

La communion de l’homme et la femme exige une stabilité que seul le mariage peut assurer. C’est enfin cette manière de considérer l’homme comme image de Dieu qui lui arrache à l’isolement.

 

Théon TUYISABE

 

 

 

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