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  FAMILLE AFRICAINE

Panafricanisme et renaissance africaine

26 Mars 2013, 16:27pm

Publié par MBEYA Basenya Theon Tuyisabe

Dans son article intitulé « CHEIKH ANTA DIOP ET LE PANAFRICANISME : Un repère pour l’Afrique et sa jeunesse », Célestine Colette Fouellefak KANA anticipe sur le thème de la vingtième session ordinaire de la conférence de l’Union Africaine du 21 au 28 janvier 2013 à Addis Abeba en Ethiopie.

Pour elle, le panafricanisme se définit comme mouvement politique et culturel qui, considérant l’Afrique, les Africains et leurs descendants d’Afrique comme un seul ensemble, vise à régénérer et à unifier l’Afrique, ainsi qu’à encourager un sentiment de solidarité entre les populations du monde africain.

Pour Georges Padmore cité par ce même auteur, le panafricanisme trouve ses origines dans la diaspora noire américaine, alimenté par la résistance anticoloniale de l’Afrique continentale et par l’affirmation de la personnalité africaine.

Panafricanisme et renaissance africaine, voila donc un bon thème pour nos chefs d’états africains en Janvier 2013. Il a été soutenu depuis longtemps par William Edward Burgardt Du Bois, Marcus Garvey, Nkwame Nkrumah, Patric Emery Lumumba, Julius Nyerere, Thomas Sankara, Nelson Mandela et bien d’autres.

L’Afrique n’est donc pas simplement l’Afrique noir, mais l’Afrique des bantoues, des wolofs, des pygmées, des touaregs, des arabes, des jaunes, des noirs, des métis, bref l’Afrique du 21ème siècle avec tous les brassages qu’il y a eu. En gros, c’est une Afrique métissée, et par panafricaniste, il faut entendre la personnalité africaine qui est commune à tous les hommes et les femmes d’Afrique, cette personnalité qui recèle des valeurs spécifiques de sagesse, d’intelligence et de sensibilité.

Pour Jean Ziegler, les peuples d’Afrique sont les plus anciens de la terre. Par conséquent, ils sont voués à l’unité et à un avenir commun de puissance et de gloire. Pour y arriver, il faut refuser toute assimilation ou toute intégration à l’univers du dominateur. Il faut redécouvrir la personnalité africaine qui réuni autour d’une même marmite toute personne née en Afrique et/ou ayant la nationalité d’une des pays qui forment le continent africain.

Les idées de G W F Hegel qui qualifiaient l’africain comme un être sans histoire ou celle de l’institut d’ethnologie de France créée par Lucien Lévy Brühl en 1925 qui affirmaient que le noir a toujours eu une mentalité prélogique sont rétrogrades et devraient être dépassé aujourd’hui.

La thèse de Cheikh Anta Diop sur la parenté culturelle profonde de l’Egypte avec le reste de l’Afrique dit beaucoup. Elle aura été le fondement de l’unité des peuples africains. Pour lui, « tout provient de la vallée du Nil et tout revient à elle, comme à un référentiel incontournable ».

L’histoire reconnait d’ailleurs que l’Egypte fut un lieu d’inspiration mythique. Jésus, Socrate, Platon, Thalès, Pythagore, tous ont été initiés aux pieds des pyramides et sur les bords du Nil à la perception intelligible et imminente des mystères de l’univers.

De nations Nègres et cultures au colloque d’Egyptologie du Caire, Cheik Anta Diop n’a cessé de montrer cette vallée du Nil et la région des grands lacs jusqu’à la méditerranée, comme l’origine même des civilisations.

Pour lui, cette vallée remplit plusieurs fonctions déterminantes de temporalité de l’Afrique noire, elle est substratum, socle, fondement commun des civilisations négro-africaines en leur diversité historique et géographique.

En cela, la vallée du Nil se doit d’être considérée selon Cheikh Anta Diop comme le fil conducteur des études historiques de l’Afrique Noire. Le fond culturel fournit ainsi le fondement d’un nouveau départ, d’une renaissance de l’Afrique basé sur une intégration régionale véritable.

L’unité de l’Afrique ne se réalisera de ce fait pas uniquement par des unions douanières à caractère politique, mais également par des projets culturels fédérateurs, fondés sur les valeurs africaines, sur les objets et lieux de mémoires des peuples africains, traducteurs de leur originalité, de leur identité, et de la solidarité entre les peuples et les nations.

La solidarité africaine est primordiale et devrait illuminer la solidarité internationale. Pour cela, l’Afrique doit se réveiller dès maintenant et découvrir ses valeurs pour les exploiter. L’africain devrait s’armer de courage et d’abnégation pour se défaire du complexe d’infériorité et du manque de confiance en soi.

C’est en faisant ce retour sur soi que l’Afrique va renaitre. Ce n’est justement pas mauvais de renaitre de ses cendres. Tel l’Europe a pris conscience de ce qu’il est après les deux grandes guerres, tel l’Afrique doit penser à renaitre. Mais avant, il faut une coalition africaine pour stopper les guerres et se donner aux travaux de développement.

Stopper les guerres en Afrique, c’est refuser aux leaders africains cette tendance de conquérir le pouvoir par la force. Martin ZIGUELE vient de le réaffirmer sur les chaines de France 24. "Croire en la valeur du Centrafricain en particulier et de l’Africain en général, c’est se résoudre à un combat politique qui met de côté des armes".

L’africain doit dorénavant savoir privilégier les idées et accepter que l’autre est une richesse. L’Afrique de 2030 devrait être différente de l’Afrique de John Locke, un continent peuplé de nègres, composante de la grande chaine des êtres qui se situent à un rang au dessus des singes.

Comme le dit si bien Montesquieu, « tant qu’un peuple n’a pas perdu sa langue, il peut garder espoir ». C’est cet espoir qu’inspire le BRICS ou toute autre initiative qui promeut le développement de tout homme et de tout l’homme.  En 2030, nous ne raisonneront plus en terme de G2, G8 ou G20. Souhaitons un monde meilleur où l’Afrique aura une place considérable, une place de choix.

Théon TUYISABE

Prof de Philo et Directeur de l'ECB

 

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