Création de l’emploi chez les jeunes
Conférence présentée Dimanche, le 24/février/2019
au WIGORE Kérit Universitaire
Présentation du Conférencier
Théon TUYISABE est professeur de Philosophie dans les Universités privées du Burundi, spécialement à l’Université des Grands Lacs (UGL) où il dispense le cours d’Ethique et Bonne Gouvernance dans toutes les premières années, facultés et Instituts confondus.
Spécialisé en sciences du mariage et de la famille, il intervient dans le Service d’Ecoute, d’Aide et d’Accompagnement Psychosociale SEAAP/UGL comme conseiller conjugal.
Théon Tuyisabe est membre de la Commission Diocésaine pour la Pastorale du Mariage et de la Famille. Par cette occasion, il anime régulièrement l’émission «Aho uzoja niho nzoja » sur Radio Maria Burundi pour le compte de l’archidiocèse de Bujumbura tous les vendredi entre 16h00 et 17h00 en direct. La rediffusion est pour les mardi entre 22h30 et 23h30
Théon Tuyisabe est Président du Collège des Philosophes du Burundi (COPHIBU) et s’active énormément pour le rayonnement de la philosophie dans la société burundaise. Depuis 2019, il est Vice-Président de Special Olympic Burundi, affilié à Special Olympic International.
Théon Tuyisabe est marié, père de six enfants: deux filles et quatre garçons. Il est Directeur de l’Ecole Fondamentale la Clairière du Burundi depuis 2010, il est doté d’une expérience suffisante dans la gestion d’une entreprise, en l’occurrence l’école.
Contexte de la conférence
Sur invitation des membres du groupe WIGORE, Théon TUYISABE a été amené à faire une communication en rapport avec la création d’emploi, surtout chez les jeunes
Ce fut la deuxième fois qu’il anime une conférence à ce groupe. La première fois c’était le 06/08/2010 sur le thème: « La vie affective à l’heure de la mondialisation », une conférence animée dans les enceintes de l’Université des Grands Lacs.
Par jeunes, le conférencier pense aux étudiants qui fréquentent les unversités, aux jeunes lauréats des universités ou tout simplement tout jeune qui se cherche pour mieux vivre dans cette société néocapitaliste.
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Définition des concepts clés
Pour bien se comprendre, il faut s’entendre d’abord sur les termes et les concepts utilisés parfois à tort et à travers, parfois dans un flou qui à la longue font parler sans rien dire.
Il y a déjà lieu d’établir une distinction entre chômeur et chercheur d’emploi. Ceux qui veulent du travail sont de tous âges et, au Burundi, les jeunes en constituent la majorité. 56% de la population burundaise ayant moins de 20ans. Par jeune, il y a lieu de nuancer. Parmi les jeunes, il y en a qui sont encore à l’école et entièrement pris en charge par leur parents.
Il y a des jeunes, encore sur les bancs de l’école mais qui se prennent en charge. Il y a des jeunes qui ont abandonné l’école, donc sans qualification. Il y a aussi des jeunes qui ont terminé les études et cherchent à s’intégrer dans le monde du travail.
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Le chômeur
Le mot chômeur vient de chômage, un terme issu du latin « caumare » dérivé du grec ancien « Kauma » signifiant « se reposer pendant la chaleur ». Jusqu’au 19ème siècle, il signifie « une cessation d’activité en général, pour quelque cause que ce soit »
Actuellement, le moteur de recherche « Wikipédia » définit le chômage comme l’état d’une personne souhaitant travailler et qui est à la recherche d’un emploi. Un chômeur est finalement une personne en quête d’emploi (à durée déterminée ou indéterminée)
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Le chercheur d’emploi
Toujours selon le moteur de recherche « Wikipédia », la recherche d’emploi a pour but de permettre aux personnes qui souhaitent changer d’emploi ou qui se trouvent au chômage de bâtir un projet professionnel et de trouver un nouvel emploie.
Elle peut prendre des formes différentes selon la cible, par exemple dans la fonction publique, dans les grandes entreprises, dans les PME, etc.
La recherche d’emploi est beaucoup plus efficace lorsqu’elle se fait avec des organismes spécialisés dans l’aide à la recherche d’emploi. Nous avons souvent entendu parler des services de la Main d’œuvre au Burundi, Intercontact…etc. ou autres plateformes (cfr projet Miss Burundi 2021-Livia Thiana ITEKA) d’aide à la recherche d’emploi.
Parfois nous sommes assaillis par des messages WhatsApp nous proposant l’emploi, les uns en provenance de sources fiables, d’autres émanant purement et simplement des escrocs du net et cybercriminels
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La création d’emploi
Par création d’emploi, il faut déjà entendre l’entrepreunariat ou simplement l’entrepreneurship pour évoquer les jeunes entrepreneurs ou jeunes leaders.
Le journal « Burundi-eco » en ligne rappelait, au mois de novembre 2018 que l’entrepreunariat est plébiscité de toute part et les jeunes sont en première ligne pour envisager un projet de création d’une entreprise.
Pour le conseiller francophone à l’ambassade de France au Burundi, Monsieur Jean Paul Mortelette cité dans le même journal, « l’entrepreunariat ne s’improvise pas ». Elle apparaît comme une option pour l’auto-emploi et la création de l’emploi en général.
En effet, la création de son propre emploi paraît comme l’une des options la plus sûre, la plus idéale car non seulement on crée l’emploi pour soi, mais aussi on crée l’emploi pour d’autres personnes.
Pour lui, les jeunes doivent donc avoir une vision moderne et responsable de l’entreprise qui, au-delà du profit et de l’emploi, intègre les notions de responsabilité sociale et environnementale.
Les jeunes diplômés, non diplômés ou même encore sur les bancs de l’amphithéâtre sont finalement invités à transcender l’ordinaire vers l’innovation entrepreneuriale en se servant des connaissances acquises, car entreprendre c’est aussi prendre le risque.
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Sortir de la jeunesse pour un monde du travail
Pour la sociologie, le terme jeunesse fait référence au temps entre l’enfance et l’âge adulte (18ans - 35ans). C’est une période de transition entre la vie de dépendance absolue des parents vers la vie active.
Le jeune est ainsi appelé à grandir physiquement, psychologiquement, mentalement et cela transparaît à travers ce qu’il fait, ses activités qui le rendent de plus en plus autonome. La croissance du jeune le libère de la dépendance en le plaçant dans une autonomie qui se concrétise dans une auto-prise en charge matérielle.
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L’entrepreneurship ou le jeune leader
La jeunesse d’aujourd’hui est appelé à s’éveiller pour le travail. L’ adage français dit: « Le travail ennoblit l’homme ». Nous vivons un monde en mutation, le travail change de forme et évolue à une vitesse de croisière, le matériel utilisé pousse de plus en plus vers les nouvelles technologies.
Ceux qui ne s’y adaptent pas se déclassent eux-mêmes. Ils perdent la boussole ou sont carrément appelés à s’adapter. Avec une mémoire fraiche et une maniabilité facile de nouveaux engins, nouveaux logiciels, nouveaux programmes, les jeunes sont appelés à saisir l’occasion et innover
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Chercher un emploi ou créer un emploi
Les études ont montré que ceux qui vivent des salaires, aussi colossaux soient-ils, n’évoluent pas comme les entrepreneurs. A force d’attendre la fin du mois avec un salaire qui ne varie pas, on finit par entrer dans les découverts qui s’ajoutent aux crédits déjà contractés.
Les salariés vivent le stress permanent. Certaines dates sont mentionnés en rouges, mais, à vrai dire, même les dates soi- disant meilleures ne sont pas aussi roses que les autres:
D’abord trop courtes pour permettre au salarié d’en jouir, encore que souvent, le fameux salarié a pris l’habitude de signer dans le cahier des dettes de la boutique ou du bar le plus proche de chez lui. Enfin de compte, certains salariés reçoivent leur salaire comme si leur main servait de passerelle pour faire transiter l’argent à qui de droit, très souvent l’entrepreneur.
Aussi petite soit elle, une entreprise est une opportunité de croissance, elle évolue lorsqu’elle est bien gérée. Les grands hommes d’affaires que l’humanité a connus ont toujours commencé avec de petites choses, un petit capital.
Et « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ».
Plus vous commencez votre entreprise tôt, plus vous aurez le temps de la raffiner. L’âge n’est donc pas un problème pour commencer une entreprise. Actuellement, tu peux même être étudiant entrepreneur, encore que les diplômés chômeurs ou ceux qui ont abandonné l’école sont absolument appelés à être créatifs.
Le vrai capital c’est le cerveau, c’est la tête, la raison
La persévérance, la rigueur dans la gestion, l’innovation et l’amour de ce que l’on fait, fait progresser les entreprises.
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Pour une traçabilité dans la gestion
Gérer correctement une entreprise, c’est répondre aux droit et devoir de tout entrepreneur.
Comme devoir, il y a le fait de s’acquitter régulièrement de ses exigences fiscaux (IPR), produire les rapports comme il se doit, payer les droits des travailleurs (Assurance INSS/ONPR, Pension SOCABU/SOCAR, Santé MUTUEL/SOLIS)
Tenir correctement les comptes. Séparer la caisse (gestion des affaires courantes avec l’argent liquide) de la comptabilité ( gérer toutes les opérations bancaires) et éviter absolument le mélange entre les recettes et les dépenses à la caisse. Ici, l’entrepreneur doit savoir éviter de confondre les biens (argent) de l’entreprise avec les biens familiaux
Payer régulièrement les salaires via un compte bancaire. Dans l’idéal des cas, éviter la perception ou l’émission de l’argent au sein de l’entreprise. Toute opération monétaire doit se faire via une institution bancaire pour permettre la traçabilité des la monnaie
Tenir les registres comme il se doit.
Naturellement, l’entrepreneur a ainsi droit de jouir du fruit des ses labeurs. Il a droit au repos, au divertissement et surtout droit d’être protégé dans ses investissements
Il a droit aux dividendes, mais doit éviter de se donner un salaire exorbitant ou engager un personnel uniquement parce qu’ils ont des liens de sang. C’est surtout les compétences qui doivent être privilégiées dans une entreprise: « L’homme qu’il faut, à la place qu’il faut »
3. La vie chrétienne et le monde des affaires
Certaines pensées associent à tort le travail à la peine, c’est-à-dire au péché originel d’Adam et Eve. En disant: Genèse 3:19 « Tu mangeras à la sueur de ton front », Dieu n’a pas jeté un anathème, une malédiction sur le travail. D’ailleurs, Saint Paul y revient longuement en disant: 2 Thessaloniciens 3:10 « Celui qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus »
Fils du charpentier aux yeux des Nazaréens, Jésus n’a pas croisé les bras. Durant les 33 années qu’il a passé sur terre, 3 années seulement ont été réservées à son œuvre de prédication.
Nous comprenons, même si cela n’est pas développé dans l’évangile, qu’il a passé 30 ans à aider ses parents dans les travaux quotidiens.
3.1. Le travail comme chemin d’humanisation
Le travail libère l’homme. Il le fait vivre et le rend lui-même. En ergothérapie par exemple, les professionnels de la santé (les psychologues) évaluent et accompagnent la personne souffrante afin de l’aider à préserver et développer leur indépendance et leur autonomie dans leur environnement quotidien et social par le travail
Le travail distingue l’homme de l’animal car il fait ressortir son génie. Même si les animaux sociaux (fourmis) travaillent, il leur manque l’ingéniosité et l’esprit de créativité de l’homme
Le travail, c’est la chose la plus merveilleuse que l’homme puisse souhaiter et, aussi minime soit-il, ne négligez aucun travail. Pour les Burundais, « nta mwuga udakiza kiretse uwo kuroga »
3.2. La place de l’argent dans la vie du chrétien
Le travail, de par ses fruits, produit un bien être. Celui-ci passe par l’aisance matérielle que l’argent permet d’avoir mais, il ne faut pas confondre le bonheur et l’argent.
En disant: MATTHIEU 19: 24 « il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux », Dieu ne nous a pas interdit de trouver de l’argent
En disant à l’homme riche: MATTHIEU 19: 21 «Va, vend tous ce que tu as et suis moi », Jésus ne vous a pas appelé à vous débarrasser de l’argent mais plutôt de vous défaire de tous ce qui est addictif en vous.
La dépendance peut être liée à l’argent, aux habits, aux belles voitures, aux drogues, au sexe, au tabac, etc. Si vous en avez, faites comme si vous n’en avez pas!
Tant que votre cœur y est attaché à fond en oubliant que l’amour et l’attachement se dirigent prioritairement vers Dieu et le prochain, cette richesse risque d’être fatale pour vous en tant que chrétien. Au lieu de vous conduire au Bonheur, au ciel, à Dieu; elle risque de vous conduire en enfer.
Quand vous obtenez une richesse, que cela soit pour vous une occasion de louer Dieu en portant assistance aux autres. Et si vous n’en avez pas, que ce soit une occasion de louer et espérer en Dieu. Au fait, la grande richesse que l’homme puisse avoir en lui, c’est Dieu
Conclusion générale
Comment conclure autrement sinon inviter à découvrir Dieu à travers un travail, une entreprise. Pour travailler, la présence physique n’est pas toujours obligatoire, il faut savoir penser et planifier, puis déléguer les travailleurs. Ainsi la matière grise aide à créer de l’emploi pour les autres.
rentabiliser la gestion du temps, ne pas perdre du temps, la vie vécue n’est que celle là. A Socrate de dire que « La vie vaut la peine d’être vécue ».
Après les études, il faut montrer ce que l’on vaut : Créer, innover, retrousser les manches. Voici le sens du poème tant récité à l’école fondamentale « Le Laboureur et ses enfants » du Livre V des fables de Lafontaine.
Il dit:
Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins.
Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine, fit venir ses enfants, leur parla sans témoins:
« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage que nous ont laissé nos parents, un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit, mais un peu de courage, vous le fera trouver: vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’oût
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse »
Ceci est un bon conseil d’un sage à actualiser:
« Chers jeunes, gardez-vous de mettre en jachère ce que vous ont laissé vos enseignants,
un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas dans quel syllabus, mais un peu de courage, vous le fera trouver:
vous arriverez à créer votre entreprise.
Remuez votre cerveau dès maintenant
Creusez dans les livres,
Fouillez sur internet,
Bêchez,
Ne laissez nulle écrit où la raison ne passe et repasse.
Traduisez ces écrits en actes»
Théon TUYISABE
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